Suites Et Reccurence

Terminale

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COURS: Suites & Récurrences

Introduction

Les suites numériques sont des objets mathématiques fondamentaux qui permettent de modéliser de nombreux phénomènes évolutifs. Le raisonnement par récurrence est une méthode de démonstration puissante qui s'apparente à l'effet domino. Ce chapitre explore ces deux concepts essentiels en mathématiques.

I. Raisonnement par récurrence

1. L'effet domino

Principe fondamental :

Le raisonnement par récurrence fonctionne comme l'effet domino. Il faut deux conditions :

L'amorce : Le premier domino d₀ tombe

La propagation : Si un domino dₙ tombe, alors le suivant dₙ₊₁ tombe aussi

Effet domino
Application mathématique :

Soit la suite \((u_n)\) définie par \(u_0 = 0,3\) et \(\forall n \in \mathbb{N}, u_{n+1} = \frac{1}{2}u_n + \frac{1}{2}\)

Propriété (P) : \(\forall n \in \mathbb{N}, 0 < u_n < 1\)

Initialisation : \(u_0 = 0,3\) vérifie \(0 < u_0 < 1\) ✓
Hérédité : Si \(0 < u_n < 1\), alors \(0 < \frac{1}{2}u_n + \frac{1}{2} < 1\), donc \(0 < u_{n+1} < 1\) ✓
Conclusion : La propriété est vraie pour tout \(n \in \mathbb{N}\)

2. Conjecture et raisonnement par récurrence

Méthode :
  1. Calculer les premiers termes pour former une conjecture
  2. Démontrer l'hérédité de la propriété
  3. Vérifier l'initialisation pour un ou plusieurs rangs
  4. Conclure par le principe de récurrence
Exemple :

Soit \((u_n)\) définie par \(u_0 = 0\) et \(\forall n \in \mathbb{N}, u_{n+1} = 2u_n + 1\)

Calculs : \(u_0 = 0, u_1 = 1, u_2 = 3, u_3 = 7, u_4 = 15, u_5 = 31\)
Conjecture : \(u_n = 2^n - 1\)

Hérédité : Si \(u_n = 2^n - 1\), alors \(u_{n+1} = 2(2^n - 1) + 1 = 2^{n+1} - 1\) ✓
Initialisation : \(u_0 = 0 = 2^0 - 1\) ✓
Conclusion : \(\forall n \in \mathbb{N}, u_n = 2^n - 1\)

3. Axiome de récurrence

Définition 1 :

Soit \(P_n\) une propriété définie sur \(\mathbb{N}\). Si :

• \(P_n\) est initialisée à partir du rang 0 (ou \(n_0\))

• \(P_n\) est héréditaire à partir du rang 0 (ou \(n_0\))

Alors \(P_n\) est vraie pour tout \(n \in \mathbb{N}\) à partir du rang 0 (ou \(n_0\))

Remarque :

Le raisonnement par récurrence comporte toujours deux phases :

  1. Prouver l'initialisation : la propriété est vraie au rang de départ
  2. Prouver l'hérédité : si la propriété est vraie au rang n, elle l'est au rang n+1

4. Inégalité de Bernoulli

Théorème 1 :

Pour tout réel \(a > 0\) et pour tout \(n \in \mathbb{N}\) : \[(1 + a)^n \geq 1 + na\]

Démonstration par récurrence :
Initialisation : Pour \(n = 0\), \((1 + a)^0 = 1\) et \(1 + 0 \times a = 1\), donc \(1 \geq 1\) ✓

Hérédité : Supposons \((1 + a)^n \geq 1 + na\) (HR)

Alors \((1 + a)^{n+1} = (1 + a)^n \times (1 + a) \geq (1 + na)(1 + a) = 1 + na + a + na^2\)

Comme \(na^2 \geq 0\), on a \((1 + a)^{n+1} \geq 1 + (n+1)a\) ✓

Conclusion : L'inégalité est vraie pour tout \(n \in \mathbb{N}\)

5. Application aux suites

Exemple :

Soit \((u_n)\) définie par \(u_0 = 1\) et \(\forall n \in \mathbb{N}, u_{n+1} = \sqrt{2 + u_n}\)

Propriété : \(\forall n \in \mathbb{N}, 0 < u_n < u_{n+1} < 2\)

Initialisation : \(u_0 = 1\) et \(u_1 = \sqrt{3} \approx 1,732\)

On a bien \(0 < 1 < \sqrt{3} < 2\) ✓

Hérédité : Supposons \(0 < u_n < u_{n+1} < 2\) (HR)

En ajoutant 2 : \(2 < 2 + u_n < 2 + u_{n+1} < 4\)

En prenant la racine : \(\sqrt{2} < u_{n+1} < u_{n+2} < 2\)

Comme \(\sqrt{2} \approx 1,414 > 0\), on a \(0 < u_{n+1} < u_{n+2} < 2\) ✓

Conclusion : La suite est croissante et bornée dans ]0; 2[

6. Situations amenant à une conclusion erronée

⚠️ Attention aux pièges :
Situation 1 : Hérédité seule vérifiée

Propriété : \(\forall n \in \mathbb{N}\), 3 divise \(2^n\)

Hérédité : Si 3 divise \(2^n\), alors 3 divise \(2^{n+1} = 2 \times 2^n\) ✓
Initialisation : 3 ne divise pas \(2^0 = 1\) ✗
Conclusion : La propriété est fausse malgré l'hérédité !
Situation 2 : Initialisation vérifiée jusqu'à un certain rang

Propriété : \(\forall n \in \mathbb{N}\), \(n^2 - n + 41\) est premier

Vérification : La propriété est vraie pour \(n = 0, 1, 2, \ldots, 40\)
Contre-exemple : Pour \(n = 41\), on a \(41^2 - 41 + 41 = 41^2 = 1681 = 41 \times 41\)
Conclusion : La propriété est fausse ! L'initialisation seule ne suffit pas.
Table des valeurs

II. Limite d'une suite

1. Limite finie

Définition 2 :

On dit que la suite \((u_n)\) a pour limite \(\ell\) si, et seulement si, tout intervalle ouvert contenant \(\ell\) contient tous les termes de la suite à partir d'un certain rang.

Notation : \(\lim_{n \to +\infty} u_n = \ell\) (la suite converge vers \(\ell\))
Limite finie
Remarque :

Cette définition traduit l'accumulation des termes \(u_n\) autour de \(\ell\). Lorsque \(\ell\) existe, la limite est unique.

Suites de référence :

Les suites définies pour tout \(n \in \mathbb{N}^*\) par :

• \(\left(\frac{1}{\sqrt{n}}\right)\), \(\left(\frac{1}{n}\right)\), \(\left(\frac{1}{n^2}\right)\), ..., \(\left(\frac{1}{n^k}\right)\) avec \(k \in \mathbb{N}^*\)

ont pour limite 0

Algorithme :

Déterminer à partir de quel entier n, le terme uₙ est dans un intervalle centré en l et de rayon 10⁻ᵖ.

Exemple : (uₙ) définie par u₀ = 0,1 et uₙ₊₁ = 2uₙ(1 - uₙ)

Cette suite converge vers 0,5. Pour p = 3, on trouve n = 5.

Code Python :

from math import*
def lim(p):
u=0.1
n=0
while abs(u-0.5)>=10**(-p):
u=2u(1-u)
n+=1
return n

2. Limite infinie

Définition 3 :

On dit que la suite (uₙ) a pour limite +∞ (resp. -∞) si, et seulement si, tout intervalle ]A; +∞[ (resp. ]-∞; B[) contient tous les termes de la suite à partir d'un certain rang.

Notation : lim uₙ = +∞ (resp. -∞) - la suite diverge vers +∞ (resp. -∞)
Remarque :

Pour une limite +∞, cette définition traduit l'idée que les termes de la suite arrivent à dépasser A, aussi grand soit-il. Une suite peut n'avoir aucune limite (ex: uₙ = (-2)ⁿ).

Suites de référence :

Les suites définies pour tout \(n \in \mathbb{N}\) par :

• \((\sqrt{n})\), \((n)\), \((n^2)\), ..., \((n^k)\) avec \(k \in \mathbb{N}^*\)

ont pour limite \(+\infty\)

Algorithme :

Déterminer à partir de quel entier n, uₙ est supérieur à 10ᵖ.

Exemple : \((u_n)\) définie par \(u_0 = -2\) et \(u_{n+1} = \frac{4}{3}u_n + 1\)

Cette suite diverge vers \(+\infty\). Pour \(p = 3\), on trouve \(n = 25\).

Code Python :

def lim(p):
u=-2
n=0
while u<=10**p:
u=4/3*u+1
n+=1
return n

3. Limites par comparaison et par encadrement

Théorème 2 - Théorème d'encadrement (des gendarmes) :

Soit trois suites \((u_n)\), \((v_n)\), \((w_n)\). Si à partir de \(k \in \mathbb{N}\), on a :

• \(v_n \leq u_n \leq w_n\)

• \(\lim_{n \to +\infty} v_n = \ell\) et \(\lim_{n \to +\infty} w_n = \ell\)

Alors \(\lim_{n \to +\infty} u_n = \ell\)

Théorème d'encadrement ou « des gendarmes »

Soit trois suites \((u_n)\), \((v_n)\), \((w_n)\). Si à partir de \(k \in \mathbb{N}\), on a :

• \(v_n \leq u_n \leq w_n\)

• \(\lim_{n \to +\infty} v_n = \ell\) et \(\lim_{n \to +\infty} w_n = \ell\)

Alors : \(\lim_{n \to +\infty} u_n = \ell\)
Théorèmes de comparaison :

• Si \(u_n \geq v_n\) et \(\lim_{n \to +\infty} v_n = +\infty\), alors \(\lim_{n \to +\infty} u_n = +\infty\)

• Si \(u_n \leq w_n\) et \(\lim_{n \to +\infty} w_n = -\infty\), alors \(\lim_{n \to +\infty} u_n = -\infty\)

Théorèmes de comparaison

Cas 1 : Si \(u_n \geq v_n\) et \(\lim_{n \to +\infty} v_n = +\infty\), alors \(\lim_{n \to +\infty} u_n = +\infty\)

Cas 2 : Si \(u_n \leq w_n\) et \(\lim_{n \to +\infty} w_n = -\infty\), alors \(\lim_{n \to +\infty} u_n = -\infty\)
Exemples :
Exemple 1 : \(u_n = \frac{\sin(n)}{n+1}\)

\(\forall n \in \mathbb{N}, -\frac{1}{n+1} \leq \frac{\sin(n)}{n+1} \leq \frac{1}{n+1}\)

Comme \(\lim_{n \to +\infty} \left(-\frac{1}{n+1}\right) = \lim_{n \to +\infty} \frac{1}{n+1} = 0\), on a \(\lim_{n \to +\infty} u_n = 0\)

Exemple 2 : \(v_n = n + \sin(n)\)

\(\forall n \in \mathbb{N}, n + \sin(n) \geq n - 1\)

Comme \(\lim_{n \to +\infty} (n - 1) = +\infty\), on a \(\lim_{n \to +\infty} v_n = +\infty\)

4. Opérations sur les limites

4.1 Limite d'une somme

Règles de calcul :

La limite d'une somme est généralement la somme des limites, sauf pour les formes indéterminées marquées F.I.

Tableau des limites d'une somme :

Si (uₙ) a pour limite l l +∞ +∞ +∞ -∞ -∞
Si (vₙ) a pour limite l' +∞ -∞ +∞ -∞ +∞ -∞
alors (uₙ + vₙ) a pour limite l + l' +∞ -∞ +∞ F.I.* F.I.* -∞
*F.I. = forme indéterminée
Exemples :
Exemple 1 : uₙ = 3n + 1 + 2/n

lim(3n + 1) = +∞ et lim(2/n) = 0, donc lim uₙ = +∞

Exemple 2 : vₙ = (1/3)ⁿ + 5 - 1/n

lim((1/3)ⁿ) = 0 et lim(5 - 1/n) = 5, donc lim vₙ = 5

Exemple 3 : wₙ = n² - n + 2 (F.I.)

lim(n²) = +∞ et lim(-n + 2) = -∞ → Forme indéterminée

4.2 Limite d'un produit

Règles de calcul :

La limite d'un produit est généralement le produit des limites, en appliquant la règle des signes pour les cas marqués ∞*.

Tableau des limites d'un produit :

Si (uₙ) a pour limite l l ≠ 0 0
Si (vₙ) a pour limite l' 0 l'
alors (uₙ × vₙ) a pour limite l × l' ∞* F.I. ∞* F.I. ∞*
*Appliquer la règle des signes
Exemples :
Exemple 1 : wₙ = n² - n + 2 (résolution de la F.I.)

wₙ = n²(1 - 1/n + 2/n²)

lim(n²) = +∞ et lim(1 - 1/n + 2/n²) = 1, donc lim wₙ = +∞

Exemple 2 : vₙ = (2 - n) × 3ⁿ

lim(3ⁿ) = +∞ et lim(2 - n) = -∞, donc lim vₙ = -∞

4.3 Limite d'un quotient

Règles de calcul :

La limite d'un quotient est généralement le quotient des limites, en appliquant la règle des signes pour les cas marqués ∞ ou 0.

Tableau des limites d'un quotient :

Si (uₙ) a pour limite l l ≠ 0 0 l
Si (vₙ) a pour limite l' ≠ 0 0 0 l'
alors (uₙ/vₙ) a pour limite l/l' ∞* F.I. 0 0* F.I. ∞*
*Appliquer la règle des signes
(1) 0 signe constant : on écrira 0⁺ pour un nombre positif et 0⁻ pour un nombre négatif
Exemples :
Exemple 1 : uₙ = 5/(2n² + 1)

lim(5) = 5 et lim(2n² + 1) = +∞, donc lim uₙ = 0

Exemple 2 : vₙ = (1 - n)/(0,5ⁿ)

lim(1 - n) = -∞ et lim(0,5ⁿ) = 0⁺, donc lim vₙ = -∞

Exemple 3 : wₙ = (n² + 3)/(n + 1) (F.I.)

wₙ = (n + 3/n)/(1 + 1/n)

lim(n + 3/n) = +∞ et lim(1 + 1/n) = 1, donc lim wₙ = +∞

5. Limite d'une suite géométrique

Théorème 3 :

Soit q un réel. On a les limites suivantes :

• Si q > 1 alors lim qⁿ = +∞

• Si q = 1 alors lim qⁿ = 1

• Si -1 < q < 1 alors lim qⁿ = 0

• Si q ≤ -1 alors lim qⁿ n'existe pas

Théorème 3 - Limites des suites géométriques

Soit q un réel. On a les limites suivantes :

Si q > 1 alors lim qⁿ = +∞

Si q = 1 alors lim qⁿ = 1

Si -1 < q < 1 alors lim qⁿ = 0

Si q ≤ -1 alors lim qⁿ n'existe pas

Démonstration pour q > 1 :

Posons q = 1 + a avec a > 0. D'après l'inégalité de Bernoulli :

qⁿ = (1 + a)ⁿ ≥ 1 + na

Comme lim(1 + na) = +∞, on a lim qⁿ = +∞

Démonstration détaillée pour q > 1 :

Étape 1 : Posons q = 1 + a avec a > 0 (car q > 1)

Étape 2 : D'après l'inégalité de Bernoulli :

(1 + a)ⁿ ≥ 1 + na pour tout n ∈ ℕ

Étape 3 : Comme lim(1 + na) = +∞ quand n → +∞

Et que qⁿ = (1 + a)ⁿ ≥ 1 + na

Étape 4 : Par comparaison, on conclut que lim qⁿ = +∞
Remarque :

Pour -1 < q < 1 et q ≠ 0, on pose Q = 1/|q| > 1. On utilise alors le cas précédent et la règle du quotient.

Exemple :

Soit (uₙ) définie par u₀ = 2 et uₙ₊₁ = 2uₙ + 5

1) Montrer que (vₙ) est géométrique :

Posons vₙ = uₙ + 5. Alors vₙ₊₁ = uₙ₊₁ + 5 = 2uₙ + 10 = 2(uₙ + 5) = 2vₙ

Donc (vₙ) est géométrique de raison q = 2 et de premier terme v₀ = 7

2) Exprimer vₙ puis uₙ :

vₙ = 7 × 2ⁿ, donc uₙ = vₙ - 5 = 7 × 2ⁿ - 5

3) Limite de (uₙ) :

Comme 2 > 1, on a lim(2ⁿ) = +∞, donc lim uₙ = +∞

Exemple complet - Suite récurrente :

Définition : u₀ = 2 et uₙ₊₁ = 2uₙ + 5

Questions :

1) Montrer que la suite (vₙ) est géométrique

2) Exprimer vₙ puis uₙ en fonction de n

3) En déduire la limite de (uₙ)

Solution :
1) Suite auxiliaire : Posons vₙ = uₙ + 5

vₙ₊₁ = uₙ₊₁ + 5 = (2uₙ + 5) + 5 = 2uₙ + 10 = 2(uₙ + 5) = 2vₙ

Donc (vₙ) est géométrique de raison q = 2 et v₀ = 7

2) Expression : vₙ = 7 × 2ⁿ, donc uₙ = vₙ - 5 = 7 × 2ⁿ - 5

3) Limite : Comme 2 > 1, lim(2ⁿ) = +∞, donc lim uₙ = +∞

6. Convergence d'une suite monotone

6.1 Suites majorées, minorées et bornées

Définition 4 :

Soit une suite (uₙ) :

• (uₙ) est majorée s'il existe M ∈ ℝ tel que : ∀n ∈ ℕ, uₙ ≤ M

• (uₙ) est minorée s'il existe m ∈ ℝ tel que : ∀n ∈ ℕ, uₙ ≥ m

• (uₙ) est bornée si elle est majorée et minorée

Définition 4 - Suites bornées

Soit une suite (uₙ) :

(uₙ) est majorée s'il existe M ∈ ℝ tel que : ∀n ∈ ℕ, uₙ ≤ M

(uₙ) est minorée s'il existe m ∈ ℝ tel que : ∀n ∈ ℕ, uₙ ≥ m

(uₙ) est bornée si elle est majorée et minorée

Remarque :

Le majorant ou le minorant n'est pas unique. Si 2 majore la suite (uₙ), alors tout réel supérieur à 2 majore aussi (uₙ).

Exemple :

Montrer que uₙ = 1/(n+1) + 1/(n+2) + ... + 1/(2n) est bornée par [1/2; 1]

Majoration : uₙ ≤ 1/n + 1/n + ... + 1/n = n × (1/n) = 1
Minoration : uₙ ≥ 1/(2n) + 1/(2n) + ... + 1/(2n) = n × (1/(2n)) = 1/2
Conclusion : ∀n ∈ ℕ, 1/2 ≤ uₙ ≤ 1
Exemple - Suite bornée :

Problème : Montrer que uₙ = 1/(n+1) + 1/(n+2) + ... + 1/(2n) est bornée par [1/2; 1]

Preuve de la majoration :

uₙ = 1/(n+1) + 1/(n+2) + ... + 1/(2n) (n termes)

≤ 1/n + 1/n + ... + 1/n (n termes)

= n × (1/n) = 1

Donc uₙ ≤ 1

Preuve de la minoration :

uₙ = 1/(n+1) + 1/(n+2) + ... + 1/(2n) (n termes)

≥ 1/(2n) + 1/(2n) + ... + 1/(2n) (n termes)

= n × (1/(2n)) = 1/2

Donc uₙ ≥ 1/2

Conclusion : ∀n ∈ ℕ, 1/2 ≤ uₙ ≤ 1

6.2 Théorèmes de divergence et de convergence

Théorème 4 - Divergence :

Soit (uₙ) une suite :

• Si (uₙ) est croissante et non majorée alors (uₙ) diverge vers +∞

• Si (uₙ) est décroissante et non minorée alors (uₙ) diverge vers -∞

Théorème 4 - Divergence des suites monotones

Soit (uₙ) une suite :

Si (uₙ) est croissante et non majorée alors (uₙ) diverge vers +∞

Si (uₙ) est décroissante et non minorée alors (uₙ) diverge vers -∞

Démonstration :

Soit (uₙ) croissante et non majorée. Pour tout intervalle ]A; +∞[, il existe N ∈ ℕ tel que uₙ ∈ ]A; +∞[.

Comme (uₙ) est croissante, ∀n > N, on a uₙ > uₙ, donc uₙ ∈ ]A; +∞[.

Donc à partir d'un certain rang, tous les termes sont dans ]A; +∞[. La suite diverge vers +∞.

Démonstration détaillée :

Hypothèse : (uₙ) est croissante et non majorée

Étape 1 : (uₙ) n'est pas majorée, donc pour tout intervalle ]A; +∞[, il existe N ∈ ℕ tel que uₙ ∈ ]A; +∞[

Étape 2 : Comme (uₙ) est croissante, on a : ∀n > N, uₙ > uₙ

Étape 3 : Donc : ∀n > N, uₙ ∈ ]A; +∞[

Étape 4 : Donc à partir d'un certain rang, tous les termes de la suite sont dans l'intervalle ]A; +∞[

Conclusion : La suite (uₙ) diverge vers +∞
Exemple :

Soit (uₙ) définie par u₀ = 1 et uₙ₊₁ = uₙ + 2n + 3

Monotonie : ∀n ∈ ℕ, uₙ₊₁ - uₙ = 2n + 3 > 0, donc (uₙ) est croissante

Non majoration : Montrons par récurrence que ∀n ∈ ℕ, uₙ ≥ n²

Initialisation : u₀ = 1 ≥ 0² ✓

Hérédité : Si uₙ ≥ n², alors uₙ₊₁ = uₙ + 2n + 3 ≥ n² + 2n + 3 ≥ (n+1)² + 2 ≥ (n+1)² ✓

Donc (uₙ) n'est pas majorée

Conclusion : (uₙ) est croissante et non majorée, donc elle diverge vers +∞
Exemple complet - Suite divergente :

Définition : u₀ = 1 et uₙ₊₁ = uₙ + 2n + 3

1) Monotonie : ∀n ∈ ℕ, uₙ₊₁ - uₙ = 2n + 3 > 0, donc (uₙ) est croissante

2) Non majoration : Montrons par récurrence que ∀n ∈ ℕ, uₙ ≥ n²

Initialisation : u₀ = 1 ≥ 0² ✓

Hérédité : Si uₙ ≥ n², alors uₙ₊₁ = uₙ + 2n + 3 ≥ n² + 2n + 3 ≥ (n+1)² + 2 ≥ (n+1)² ✓

Donc (uₙ) n'est pas majorée

3) Conclusion : (uₙ) est croissante et non majorée, donc elle diverge vers +∞
⚠️ Attention :

La réciproque est fausse ! Si une suite diverge vers +∞, elle n'est pas nécessairement croissante.

Exemples : uₙ = n + (-1)ⁿ ou uₙ = n si n pair, uₙ = 2n si n impair
Théorème 5 - Convergence :

• Si une suite (uₙ) est croissante et majorée alors elle converge

• Si une suite (uₙ) est décroissante et minorée alors elle converge

Théorème 5 - Convergence des suites monotones

Si une suite (uₙ) est croissante et majorée alors elle converge

Si une suite (uₙ) est décroissante et minorée alors elle converge

Exemple :

Soit (uₙ) définie par u₀ = 1 et uₙ₊₁ = √(2 + uₙ)


On a montré par récurrence que ∀n ∈ ℕ, 0 < uₙ < uₙ₊₁ < 2

Donc (uₙ) est croissante et majorée par 2, donc elle converge vers l avec 0 < l ≤ 2

⚠️ Attention :

Lorsqu'on passe à la limite, l'inégalité stricte uₙ < 2 devient large l ≤ 2.

Algorithme :

On admet que la suite uₙ converge vers 2. Déterminer l'entier N à partir duquel uₙ > 1,999.

Condition : uₙ > 1,999 ⇔ |uₙ - 2| < 10⁻³
Résultat : lim(3) → 6, donc à partir de n ≥ 6, uₙ > 1,999
Algorithme de convergence :

Problème : On admet que la suite uₙ converge vers 2. Déterminer l'entier N à partir duquel uₙ > 1,999.

Condition : uₙ > 1,999 ⇔ |uₙ - 2| < 10⁻³

Code Python :

from math import*
def lim(p):
u=1
n=0
while abs(u-2)>=10**(-p):
u=sqrt(u+2)
n+=1
return n

Résultat : lim(3) → 6, donc à partir de n ≥ 6, uₙ > 1,999

7. Utilisation de la limite d'une suite

Applications :

Modélisation : Évolution de populations, croissance économique

Algorithmes : Méthodes numériques, approximations

Analyse : Continuité, dérivabilité, intégration

Géométrie : Approximations de π, constructions géométriques

Résumé

Points essentiels à retenir :

Le raisonnement par récurrence nécessite initialisation ET hérédité

Les limites de suites peuvent être finies, infinies ou inexistantes

Les opérations sur les limites suivent des règles précises (attention aux F.I.)

Les suites géométriques ont des limites dépendant de leur raison

Les suites monotones bornées convergent

Les suites monotones non bornées divergent vers ±∞

Les théorèmes de comparaison permettent de lever des indéterminations

Exercices d'application

Exercices pratiques :

  1. Démontrer par récurrence que ∀n ∈ ℕ, 1 + 2 + ... + n = n(n+1)/2
  2. Calculer les limites des suites : uₙ = (2n+1)/(n-3), vₙ = n² - 3n + 1
  3. Étudier la convergence de la suite définie par u₀ = 1 et uₙ₊₁ = (uₙ + 2)/3
  4. Démontrer que la suite uₙ = 1 + 1/2 + ... + 1/n diverge vers +∞
  5. Calculer lim(n→∞) (1 + 1/n)ⁿ
  6. Étudier la suite géométrique de premier terme 5 et de raison 0,8